Sépulture, souvenirs douloureux et recceuillement...

Fin de journée, ou plutôt début de soirée, peu importe. La lune était déjà présente tendit que le soleil fuyait à toute allure. Le chemin vers la forêt était à peine éclairée, mais Rodrielle le connaissait par coeur, depuis le temps. Son étalon était aux pas afin de ne pas réveiller la nature déjà endormie et parcourait la forêt, sautant par dessus les vieilles racines, sans aucun problème.

Rodrielle regardait devant elle sans ciller, sa cape rouge sang tombant sur son front et sur ses épaules. Depuis quelques jours son état se dégradait sans qu'elle puisse y faire quelque chose. Malgré ce que tout le monde pouvait dire, il était impossible d'oublier le passé et surtout celui de la donzelle...

Passé noir, un passé de troubles et de sang qui hante les rêves de Rodrielle. Depuis sa jeunesse, elle n'avait connu que ça : de la guerre, de la vengeance et de la mort. Ses seuls moments de bonheur, même s'ils furent nombreux, se terminaient toujours dans la tristesse.

Et aujourd'hui, alors qu'elle pensait avoir tiré un trait sur toutes ces histoires, les voilà qui reviennent au galop, comme un boomerang lancé trop fort. Le retour de Matayus, après plus d'une année d'absence, lui faisait plus mal qu'elle ne l'aurait pensé et ravivait en elle cette cicatrice.
Aldaric, Azurine, Jaris... Tout ce qu'elle avait battit, son avenir, était parti en fumée sous son nez sans qu'elle ne le prévoit...

Rodrielle était enfin arrivée à destination. Elle et son étalon s'étaient enfonçé au plus profond de la forêt, là où se trouvait une petite clairière. La lumière de la lune, à présent haute dans le ciel, éclairée au centre de la clairière une sépulture de pierre blanche.

La donzelle descendit alors de son cheval et s'approcha lentement de l'édifice et se mit a genoux devant lui. Sur le coté se lisait en lettres magnifiquement ouvragées : "Ici git Azurine d'Eälven, que sa sagesse et sa beauté la guide vers la vie éternelle"

Azurine...

Les larmes coulèrent alors sur le visage de Rodrielle. Elle n'était pas revenue ici, et cette sépulture la faisait retomber sur terre, comme si elle avait gardé tout espoir sur la vie de sa fille. Rodrielle s'appuya alors sur la pierre blanche et la caressa lentement, comme si elle touchait sa fille morte déjà depuis plus d'un an.

Je suis désolée ma Azu... Désolée de ne pas avoir été là quand il le fallait, désolée d'être partie sans vous en parler, et de vous avoir laissé Aldaric et toi seuls sans protection.

Je pensais, en partant, vous protéger de tout ce mal... De cette malédiction qui s'abbatait sur moi, mais finalement Il a réussit à m'avoir, à vous avoir. J'ai été stupide et je le paye encore aujourd'hui. Je n'ai pas été là pour te sauver, pour sauver ton frère du mal qui l'accablait à son tour, je n'ai pas été là pour faire ta sépulture et ton enterrement...

Je pensais être une bonne mère... Mais finalement je ne l'étais pas. Je n'ai pas réussi à retenir votre père, ni Matayus... Je ne suis peut être pas faite pour tout cela après tout...

Rodrielle se tut. Toutes les larmes de son corps s'évacuaient à cet instant. Tout son mal être s'exprimait à cet instant, alors qu'elle se trouvait seule sur la tombe de sa fille.

Excusez moi pour tout...

Une heure était passée ou Rodrielle pleurait encore. Mais elle fut interloquée par un bruissement de feuille. Vulnérable et encore sous le choc, la donzelle ne fit que relever la tête et de lancer un "qui est là" triste et tremblant.

C'est à cet instant alors qu'un museau apparu derrière un arbre. Le loup s'avanca alors timidement, visiblement affamé et fatigué malgré sa musculature encore importante.
Rodrielle se redressa alors et fronça les sourcils alors que le loup avançait encore...

Torak ?! Torak c'est toi ?!?

Le loup hurla alors à la lune et courrut sur Rodrielle qui, dans un même cri de joie, l'attrapa de justesse. Son loup, son ami de toujours était de retour. En fait, il n'était jamais parti, plein d'espoir de retrouver sa maîtresse un jour...

Une journée et demie était passée où Rodrielle était restée dans la forêt avec Torak. Personne à Joinville n'avait dû remarquer son absence, mais Rodrielle n'y pensait même pas ; les retrouvailles avec son meilleur ami, son frère de toujours lui avait pris toutes ses pensées et lui avait réellement remonté le moral.

Cette journée et cette nuit en forêt aussi d'ailleurs ! Rodrielle avait redécouvert les joies de la nature, à regrimper aux arbres et à ne vivre qu'avec les baies et la fraîcheur. Après tout ce temps, la donzelle redécouvrait ses instincts d'enfance... Quel plaisir !

C'était le début de soirée à présent. Torak et Rodrielle s'étaient balladé dans toute la forêt tranquilement. Le loup avait retrouvé sa force et sa vitalité en plus de la joie de retrouver sa maîtresse. Ils étaient retournés dans la petite clairière où la donzelle avait installé un campement près de la sépulture d'Azurine. Encore une fois, et aujourd'hui plus que d'habitude, la lune faisait son apparition à travers la haute cime des arbres.

Rodrielle s'installa alors à genoux devant le tombeau de sa fille, les mains jointes et Torak assis la tête basse à ses cotés.

Ô Lune, déesse de la nuit, lumière des ténèbres, prend soin encore cette nuit d'Azurine, veille sur Aldaric et sur Jaris. Pardonne moi pour tout et guide moi vers la Lumière ! Eclair mon destin et aide moi à y voir plus clair dans se brouillard de tourments et d'hésitation !

Ô Lune, déesse de la nuit ! Veille sur tout ce qui m'entourent, protège les et aide les à trouver leur voie eux aussi. Ne juge pas leur croyances, car tous croient en toi, tu es notre veilleuse et notre confidente lors de nos nuits sombres... Protège nous, guide nous et veille sur nos défunts.

Et comme à chaque prière, Rodrielle laissa une larme couler le long de sa joue. Tout était si dur pour elle en ce moment. Tout autour d'elle semblait chambouler. Matayus et Dophin étaient heureux ensemble, Lurgos qui ne venait pas et Baltus qui lui était là... Sans oublier sa découverte sur Jacknight... Son premier -et surement le seul vrai- amour, le père de ses enfants, était en vie ! Alors que les rumeurs lui avaient annoncé sa mort il y a bien longtemps...

Mais qu'étaient-ce tous ces sentiments ? Comment autant de sensations pouvaient-elle se mélanger dans un être qui se pensait si fort ? L'envie de partir, l'envie de tout quitter la reprenait encore une fois. Mais Rodrielle n'était pas faible ; si elle voulait retrouver une vie paisible, c'était ici qu'elle devait combattre tous ses démons !

Rodrielle regarda alors Torak et lui caressa la tête avec un léger sourire au coin des lèvres.

Mon Torak, le combat commence maintenant ...

Désolation, tristesse… La donzelle venait de rentrer de son mois de « vacances » à Paris, presque morte, le corps couvert de cicatrices dont une particulièrement visible sur la joue droite, et le sort s’acharnait encore une fois sur elle.
Elle n’avait pas réussi à 100%. On l’avait découvert et cette erreur lui valait de nombreux mois sans contrats. Pas plus mal en y réfléchissant, elle allait pouvoir se concentrer sur ses émotions et sa vie privée. Rodrielle était donc rentrée, Torak à ses cotés, prête à avouer tout.

Mais le destin en avait décidé autrement. Elle venait juste de rentrer, et comme à son habitude, elle passait timidement devant cette demeure, regardant le plus discrètement possible par la fenêtre. Aujourd’hui, tout était éteint. Aucun signe de vie à l’horizon, ni ici ni dans l’herboristerie ouverte depuis quelques mois seulement. Elle s’attendait au pire… Avis mortuaires. Non. La Faucheuse était passée là bas, chez cet homme qui avait tout pour plaire, la politesse, la gentillesse et la beauté. Il n’était plus…

Désespérée, détruite au plus profond d’elle une nouvelle fois, Rodrielle fonça dans la forêt. La sépulture de sa fille y était toujours et la donzelle s’effondra dessus, pleurant à chaudes larmes. Elle avait raté le coche, encore une fois, aussi stupide était-elle. Torak n’osait rien faire, rien dire, il savait que sa maîtresse était triste, et il ne fit que coller son museau sur les genoux de son amie.

Qu’ai-je donc fait pour subir tout cela ? Ne croyez vous pas que j’ai enduré assez de décès ? Assez de peine ? Je ne suis pas surhumaine je ne peux plus ! Je ne peux plus…

Elle ne pouvait plus vivre comme cela. La solitude la rongeait, tout comme cette envie de partir d’ici, loin de toute cette vie qui s’acharnait sur elle. Rodrielle repensait à ce qu’il lui avait demandé : « qui priez-vous le soir de notre rencontre à l’auberge ? » La Lune avait-elle répondu, celle qui me guide et me protège, qui est toujours là pour nous.

Et où tu es, Lune ? Que fais-tu ? Serais-tu en train de me punir ??? Tu te venges de tous ces péchés que j’ai commis, sans scrupule et sans remords ?! Tu me mets cette épée au dessus de la tête juste pour me rappeler que je suis faible ! Que je n’ai aucune force et que je me cache derrière mes armes ?!

La colère se mélangeait à la tristesse. Bientôt, elle allait devoir subir d’autres funérailles sans savoir si elle allait pouvoir tenir. Aujourd’hui, elle était plus seule que jamais, et même Torak ne pouvait plus rien y faire…

Nuit rempli d'étoiles, cela faisait des mois que tout cela c'était déroulé. Bien loin de tout cela il n'avait pu tenir son serment envers cette jeune femme qu'il avait promis de protégé. Au delà des ombres et des ténèbres le mal l'avait atteint là où il ne pouvait aller, le cœur brisé par la mort de sa mère et la perte du reste de sa famille. Malgré sa grande force et ses nombreuses connaissances , absolument rien ne l'avait préparé à cela.

Parcourant la forêt à pieds , des pas lents , l'ombre de sa cape blanche parcourait les arbres. Des mots à peine perceptible de ses lèvres glisser sous le vent,tandis que dans l'une de ces mains il tenait une fleur pourpre qu'il faisait tournoyer. Dans ses pas un animal particulier le suivait, un animal qui se cachait depuis des années près de lui.

Arrivant sur la tombe d'Azurine , Yuke enleva sa cape et son mantel et regarda la tombe. Rien ne semblait avoir changé ici. Alors qu'il déposa la fleur pourpre au pieds de la tombe , la panthère qui le suivait depuis le début vient se poster près de lui. Se relevant doucement il sorti un saphir taillé qui déposa sur le dessus de la tombe. A peine poser la lumière de la lune vint illuminer les environs d'une douce lumière.

Cela fait bien longtemps Azurine, beaucoup de chose on changé et le sort semble jouer avec les personnes que tu aime. Bien que je fasse de mon mieux il est difficile de veiller sur Rodrielle, elle n'a pas changé tu sait. Toujours intrigué par des mystères qui n'ont pas lieu d'être. Et oui c'est vrai je m'en amuse toujours.

Je suis désolé Azurine, désolé de vous avoir abandonné. J'avais promis à Rodrielle de vous protégez. J'ai échoué... je te promet tout de même que je veillerait dur Rodrielle le plus possible. Elle mérite d'être heureuse.

Un bruit ce faisant entendre Yuke repris le saphir et parti discrètement avec sa panthère reprenant ses affaires et laissant la fleur pourpre sur place.

[i]Après midi d’été, la chaleur accompagnée d’un petit vent agréable souffla sous le jupon de la donzelle. Elle avançait lentement, légère, vers la sépulture de sa fille. C’était son moment de recueillement, son moment de prière à elle qu’elle ne raterait pour rien au monde.

Aujourd’hui, Rodrielle était joyeuse, ou plutôt apaisée. Elle était vêtue de sa nouvelle tenue, une longue robe rouge lui tombant sur les épaules et sur ses chevilles. Elle arriva sur la tombe de sa fille et se mit à genoux devant celle-ci, comme à son habitude, Torak toujours à ses cotés.

Mon Azurine, ma petite fille… La vie tourne, elle change comme la rivière… Une fois tu nages dans des torrents et manques de perdre la vie, et quelques minutes après elle est calme et belle… Ma vie est comme cette rivière, surtout depuis qu’Aldaric et toi êtes partis. Je n’ai jamais connu réellement de calme. Toujours la tempête, les tourments et la tristesse. Je vis avec mon passé, lourd, et prie pour que tout se calme.

Aujourd’hui, la rivière s’est calmée. Elle est belle et douce comme la musique que je te chantais le soir. En ce moment je somnole, je suis dans les nuages et je me sens bien. L’arrivée de cet homme, de ce Dinaro est un soulagement pour moi… Je sais, les hommes dans ma vie sont nombreux depuis la séparation avec votre père, mais cette fois ci c’est différent. Lui, il me change il calme ma vie. Je n’ai plus envie de tuer ou de me détruire… J’ai déjà fait assez de dégâts…

Puis elle s’arrêta au milieu de sa « prière » et remarqua la fleur pourpre encore fraîche sur la tombe. Intriguée, elle se redressa et regarda attentivement la fleur, souriant quelques secondes plus tard. Rodrielle regarda alors Torak.

Je crois que notre Azurine a de la visite parfois…

Quelqu’un venait… Qui ? Rodrielle s’en doutait un peu. Cela datait d’il y a quelques années maintenant, et pourtant c’était toujours d’actualité. Sourire.

Merci, Lune, de veiller sur moi autant. Merci d’avoir trouvé et gardé ce veilleur… Merci pour tout…

Rodrielle reposa alors la fleur sur la tombe, s’assit et pria encore quelques instants avant de partir avec Torak pour de nouvelles aventures, agréables cette fois.

Voilà quelques temps que Rodrielle n'était pas venue ici. Mais aujourd'hui, les pas de la donzelle glissaient lentement vers la sépulture de son enfant bien aimé.

Rodrielle était pâle, malade, et marchait lentement de peur d'avoir un nouveau vertige et de tomber. Pas de cheval aujourd'hui, la marche lui faisait un bien fou. Le temps était gris ce jour là, et le vent s'engouffrait entre les arbres centenaires jusqu'au cou de la donzelle qui appréciait ce contact avec la nature. Contact privilégié se dit Rodrielle, elle qui connaissait tout de cet univers qu'elle trouvait féérique.

La tombe d'Azurine était toujours aussi lumineuse, aussi blanche. La colombe reposait en paix. Rodrielle laissa glisser ses genoux par terre, et caressa le marbre blanc lentement.

Tout passe tellement vite. Voilà bientot deux années que tu n'es plus là, mon amour, ma beauté, et mon coeur se lamente toujours. Le vide que vous avez laissé, Aldaric et toi, ne se comblera jamais...
Vous me manquez tellement !

Je vous revois encore, alors que vous n'étiez que des enfants de 2 ans, à courir dans la taverne après Chicau qui vous a fait gouté pour la première fois à la bière. Je revois encore Jacknight courir de joie dans Joinville lorsqu'il a appris que je vous attendais. Je me souviens d'Eroïne qui vous serrait dans ses bras lorsque vous étiez des bébés. Je vous vois encore, courir dans le jardin avec Maraelle. Je vous vois grandir, danser, jouer, vous battre avec Jaris lorsqu'il est arrivé... Je revis le mariage de Jaris avec la belle Verseau, et l'idylle d'Alda et Fay alors que son coeur appartenait déjà à Maraelle depuis son enfance. Je te vois encore, toi, apprendre à charmer les hommes...

Ces souvenirs revenaient les uns après les autres, comme un film qui ne s'éteint jamais. Des larmes coulaient alors des joues de la donzelle qui souriait tristement.

C'est si difficile de se couper du passé. J'ai essayé mais je ne le peux. Tous ces évènements sont gravés dans mon coeur. Le passé me manque. Si tu savais comme j'aimerais remonter le temps ! Retrouver Eroïne, Asdrubael, Zagelle, chicau, Droma, Baloo et tous les autres... Revoir Jacknight, Grobmaster, Matayus et les autres... Retrouver ma jeunesse et surtout vous retrouvez vous !

Rodrielle soupira, et caressa son ventre.

J'aimerai partager ma nouvelle vie, avec Dinaro, avec Jaris, Aldaric et toi... J'aimerai que vous soyez tous les trois là pour me guider et me conseiller pour les années qui vont suivre. Je ne sais pas si j'ai la force de tout recommencer, d'élever et de protéger alors que je n'ai pas sû le faire avec vous trois. Je ne sais pas si j'ai encore l'âge pour tout ca. Aujourd'hui, je n'ai plus de force...

Les larmes coulaient abondamment à présent. Rodrielle leva les yeux au ciel. La nuit était douce et à l'écoute...

S'il te plait ma chérie, s'il vous plait les étoiles, aidez moi à retrouver la force, à garder le courage de vivre...

Tigrounette, qui se promenait pour la première fois dans ces environs, vit une jeune et jolie femme pleurer sur une tombe. Elle s'adossa à un arbre, posant sa tete contre le tronc, et écouta les pleurs de la femme, sa complainte aux étoiles, et cette déchirure transpercer son etre de part en part.
Tigrounette n'avait jamais eu d'enfants, sa seule attache était sa Reine, qui maintenant voulait sa vie. Il y avait ses soldats aussi, qui ne l'avaient jamais déçue. Ils étaient les meilleurs. Si seulement ils pouvaient maintenant servir la France ... Mais pour leur vie, elle les avait renvoyés chez eux, se retrouvant seule. Seule ? Non, bien sur que non !!!

Vivement, elle s'approcha de Rodrielle, posant sa main sur son épaule.

Je ne peux ressentir ce que tu éprouves. Je ne peux pas me mettre à ta place. Je ne peux pas guérir ton mal.

Elle se tut quelques instants.

Tu sais, nous avons tous nos problèmes, tous perdus des etres chers à nos coeurs. Ca, je peux le sentir. Et les perdre donne envie de mourir. Mais il ne faut pas rester dans le passé.
Plutot que de vouloir y retourner, amène les dans ton présent, vie avec eux comme s'ils étaient encore là. Et plutot que de les voir morts, dis toi qu'ils sont près de toi. Ils veillent. Et ils t'aiment. Tous comme ces gens autour de toi, vivants, qui ne veulent que ton bien.
Tu dois continuer à vivre avec les vivants, mais tu dois aussi accepter de ne pas voir les morts qui t'accompagnent. Ils seront toujours là pour toi, comme les vivants. Si tu refuses de les laisser partir, tu les blesses. Tu ne peux les forcer à rester. Ils veilleront beaucoup mieux si tu accepte leur mort.
Ce n'est pas facile, je le sais bien. Mais tu dois d'abord etre en paix avec toi, et eux. Tes amours savent que tu n'es pas responsable. Continue à les aimer dans la mort, comme tu les as aimés dans la vie.

Tigrounette se leva. Cette femme avait besoin d'etre seule. Silencieusement, comme elle savait si bien le faire, elle s'éloigna, respirant les arbres et le vent, vers sa demeure.

Pleurer. Pleurer était la seule chose que Rodrielle pouvait faire à cette instant. Ses larmes tombaient les unes après les autres sur le marbre blanc et froid de la sépulture d'Azurine.

Une main se posa alors sur son épaule, la faisant sursauter. Rodrielle se retourna et se retrouva face à Tigrounette, qu'elle ne connaissait que trop peu. La donzelle écouta alors les paroles de la jeune femme en retenant ses larmes. Vivre avec eux dans le présent, ne pas les forcer à rester... Une longue et émouvante consolation qui fit naître sur le visage de la donzelle un sourire attendrissant. Elle était gentille cette demoiselle, à la réconforter sans la connaître. C'était charmant... Mais la jeune Tigrounette décida de s'éloigner sans bruit, et le sourire de Rodrielle s'effaça pour laisser les questions revenir. La donzelle ne quittait pas l'endroit d'où la jeune femme était partie des yeux et parla le plus fort possible pour qu'elle entende :

Ils sont partis, tous... Le ciel les a acceuilli je vous en conjure... C'est juste moi. J'ai l'impression d'être partie avec eux dans les cieux.

Rodrielle se rassit, et soupira. Elle regarda le marbre de la tombe.

Ca fait longtemps que la paix en moi m'a quitté. Je n'ai connu la paix qu'avec eux, et elle est partie dans les étoiles. Heureusement, je ne suis plus seule à présent. Il est là, lui qui m'aide chaque jour. Mais ma vie a toujours été un combat, et celui-ci est éternel. J'ai laché les armes, mais à présent c'est mon âme qui se divise. Entre le présent et le passé. Pas de répit pour les pêcheurs...

Elle regarda alors dans le noir de la forêt. La clairière était redevenue silencieuse...

Alors qu'elle s'éloignait, Tigrounette entendit les derniers propos de la jeune femme. Elle se stoppa, pour les écouter, puis soupira. C'était tellement vrai ...

Lentement, elle se retourna vers la jeune demoiselle, à nouveau agenouillée, et silencieuse. Elle la regarda quelques instants, puis revint à ses cotés. Doucement, elle s'accroupit, fixant la tombe de ses yeux verts, ses doigts se promenant sur la pelouse, arrachant inconsciemment ici et là quelques mauvaises herbes, tandis qu'elle parlait doucement.

Je suis anglaise, venue en France parce que ma tete est mise à prix là bas, et contrainte d'y rester parce que ma Reine, ma seule amie, m'a condamnée elle meme à mort, car je lui ai désobéi en ne revenant pas. Je perds ainsi mon fiancé, et mes hommes, les meilleurs éléments de l'armée anglaise. Il ne me reste que mon cheval.

Tigrounette émit un petit rire, puis redevint sérieuse.

J'ai voulus mourir. Pendant longtemps. Pendant l'armée, ou je souhaitais de tout coeur qu'un entrainement tourne mal. Ou en ville, me demandant ce que je pourrais faire pour m'attirer les foudres des Grands de ce pays. Je n'ai pas pu me débarrasser du passé.

Et puis j'ai rencontré des gens. Ils y a ceux qui ne m'aiment pas, ceux qui me sourient, ceux qui m'embrassent, ceux qui souhaitent que je reste, ceux qui veulent que je parte. C'est à cause d'eux que je risque à tout moment de me faire tuer par un anglais bien payé et avide de reconnaissance.

Je ne sais pas ce qui s'est passé dans ta vie, mais certaines choses doivent se passer, et elles se passeront, quoi qu'on fasse.

Mon fiancé, mon petit frère, ma meilleure amie, tous, ils ont disparus. Et j'ai prié pour les rejoindre. Mais les joinvillois m'ont appris une chose : il y en a toujours au moment ou on en a le plus besoin. C'est un peu comme les taupes ces petites betes là ! ^^ On n'en veut pas, mais elles sont très utiles pourtant. Surtout quand on en a réellement besoin.

Il y a des gens autour de toi Rodrielle. Je ne te demande pas de faire une croix, d'enlever ta robe noire, et de faire la fete comme si tout ceci ne s'était jamais passé. Mais ... Se balader en compagnie d'une personne agréable, aller boire un petit verre, venir pique niquer près de cette tombe avec quelqu'un que tu apprécies, te balader dans la foret et respirer un grand coup ... ça ferait du bien, je pense.

Tigrounette se tait, regardant le joli visage de sa vis-à-vis, la tete penchée. Cette fois, elle ne s'en ira pas tant qu'on ne lui aura pas dit.

Elle était revenue, lentement, et son visage avait quelque chose d'apaisant. La donzelle la regarda revenir et s'assoir à ses cotés, sans prononcer un mot. Quelque chose à cet instant naquît, une sorte de lien étrange, d'amitié et de complicité, que même la demoiselle put sentir car elle se mit à parler. Se confier. Rodrielle écoutait, comme une mère écoutant son enfant parler de ses malheurs. Et cette demoiselle en connu apparement !

La donzelle soupira et écouta encore. Tous ces conseils, elle les écoutaient déjà depuis bientôt une année, depuis qu'elle était de retour. Puis à son tour, la donzelle se confia, comme si parler à cette demoiselle pleine de bon sentiments était une confession et que tout serait pardonné, pour de bon.

J'avais 16 ans lorsque je suis arrivée à Joinville, seule et égarée après la mort de ma famille, assassinée. Le maire à cet époque m'a acceuillit à bras ouvert. Jacknight de Licorne Azur, un chevalier comme il ne s'en fait plus à présent. Lorsque je l'ai regardé, mon coeur a tout de suite chaviré. Il m'a sourit, m'a invité au bal, et l'on s'est aimé. L'année suivante, alors qu'il entamait son ennième mandat, nous nous sommes mariés et avons eu des jumeaux. Aldaric et Azurine. Jacknight est alors devenu Duc, et tout à changé.

Les souvenirs défilaient devant ses yeux. Elle ne pouvait plus s'arrêter...

Nous nous sommes alors quitté après de nombreuses années. Il ne s'occupait plus de nous trois à cause de son devoir. La politique ! J'ai élevé mes enfants avec tout l'amour d'une mère, protégé et aimé comme une folle. Et puis j'ai rencontré Matayus, qui fut mon second réel amour, il a élevé lui aussi les jumeaux, et a accepté lorsque j'ai adopté un autre enfant au nom de Jaris. Nous avons merveilleusement vécu ensemble. Nous étions heureux jusqu'à ce que mon passé me rattrape une première fois.

Ma famille fut assassinée, je me suis sauvé de justesse. Mais les meurtrier m'ont rattrapé, et m'ont "pourchassé". J'ai arrêté de servir pour l'OST et me suis alors battue contre mes assaillants pendant très longtemps. C'est lorsque les enfants eurent 16 ans que je suis partie, pour les éloigner de ces meurtriers. J'ai réussi à trouver l'assassin de mes parents et de mon frère et ai assouvi ma vengeance.

Rodrielle fit une pause et déglutit. Elle jeta un regard à Tigrounette et reprit son récit.

Après un an, je suis revenue, heureuse. Mais il n'y avait plus personne. C'est à cet instant que j'ai appris qu'Azurine trouvait le repos ici, que Jaris et Aldaric n'était plus et que Matayus ne donnait plus de signe de vie. A vouloir les protéger, je les ai conduit à la mort.

Je suis donc partie une année sur Paris et ses alentours. La tristesse et la haine m'ont envahis. J'ai travaillé comme tueuse et fille de joie à la Cour des Miracles et sur Paris durant une année. Puis il y a bientôt un an, je suis revenue ici, jugeant qu'il était temps de reprendre une vie normale...

A cette pensée, elle eut un rire rauque et regarda la demoiselle.

Voilà la mienne d'histoire. Maintenant, j'ai mon Dinaro qui m'aide à rester en vie. Il m'a presque fait arrêté mon "métier". Mais en ce moment j'ai peur vois-tu. Depuis quelques jours, je n'arrive pas à voir la vie en rose...

Elle baissa alors la tête et caressa à nouveau son ventre.

Si je n'étais pas à la hauteur ?

Tigrounette écouta attentivement l'histoire de Rodrielle. Elle l'écouta ouvrir son coeur, surprise d'ailleurs de l'avoir fait elle meme, elle qui ne s'était jamais confiée. Elle avait parlé de son frère et de son fiancé à cette femme qu'elle ne connaissait pas. C'était étrange, et pourtant, elle se sentit soulagée. Et que Rodrielle se confie à elle la conforta dans son soulagement.

Lorsque Rodrielle eut finit, le silence s'installa. Pas de gene, plutot d'apaisement. Tigrounette attendit quelques instants, puis tourna son visage vers celui de Rodrielle. Elle sourit en remarquant à nouveau le geste de la main.

Elle se pencha vers sa voisine, et elle posa une main, elle aussi, sur son ventre.

Tu seras à la hauteur. J'en suis sure. Et sais tu pourquoi ? Parce que tu portes la vie. Cette vie grandit en toi, et tu l'aimes. Tu feras tout pour elle, et tu auras raison.

Deux hommes ... importants dans ma vie ... m'ont dit ces deux choses :

Le passé est séparé de l'avenir par le présent parce qu'il n'a rien à y faire.
Et
Le sage n'est pas celui qui sait, c'est celui qui apprend de ses erreurs.

Tigrounette s'arreta, et sourit doucement.

La demoiselle n'avait pas tressaillit face à toutes ces confidences, et Rodrielle en fut contente. Cette jeune femme était vraiment très agréable et faire sa connaissance était un réel plaisir. La donzelle écouta alors Tigrounette, lui souriant face à ses paroles puis poussa un léger soupire.

Merci... Tu sais, avec mon âge, j'ai peur de ne pas voir grandir cet enfant. En plus, il arrive si rapidement... Si Dinaro prenait peur, je ne pourrait pas recommencer à élever seule un enfant.

La donzelle regarda alors son ventre puis esquissa un sourire. Après tout, elle n'avait pas le choix. C'était encore une épreuve sur le chemin de sa vie, et elle allait l'assumer. A Joinville, ou pas.

Tu n'as retrouvé personne ici ?

Tigrounette ne sourit plus, mais ses yeux restent rieurs.

S'il t'aime, il aimera cet enfant. Il faut etre fou pour ne pas aimer une partie de celle qu'on aime, qui est aussi une partie de soi ! ^^
Et puis ... il y a surement quelqu'un qui sera ravi de t'aider, si tu en éprouve le besoin ...

Mais à la question de Rodrielle, ses yeux se voilent.

Si j'ai rencontré quelqu'un dans le sens : est ce qu'un anglais que je connais est apparut, la réponse est non. Je leur ai demandé de tous retourner en Angleterre. Je m'en serais voulu de les condamner à mort eux aussi.

Elle se tut quelques instants.

Pour ce qui est de rencontrer quelqu'un ... non plus. Ce sont des jeunes hommes charmants, mais ... je n'ai pas l'air de les intéresser ! ^^

Tigrounette retient son souffle.

Officiellement, je suis fiancée. A un ami de la Reine. Mais vu les circonstances, je doute que cela dure encore longtemps. Je lui ai envoyé un pigeon lui demandant d'arreter la, mais je n'ai toujours pas de réponse. J'espère ... qu'il n'a pas été jugé complice ...

Ses yeux se font pensifs, et voyangent alors qu'elle imagine les pires choses qui soient.

Quelles complications peut nous offrir la vie ! Rodrielle pouvait lire dans les yeux de la demoiselle une grande tristesse. Quitter son pays devait être vraiment difficile.

En tout cas, tu as bien du courage de rester loin de tout cela ! J'ai du mal à comprendre pourquoi ta tête est mise à prix. Après tout, tu n'as commis aucun meurtre ?

La donzelle passa sa main derrière la nuque en réfléchissant. Après tout, elle avait déjà eu des contrats contre des personnes qui n'avaient rien fait. Et elle n'avait pas refusé.

Enfin, tu as de la chance qu'ils ne viennent pas te chercher ici... Donc il faut en profiter, oublier le fiancé anglais et user de ton charme pour les hommes d'ici !

La donzelle reprit son air coquin et fit un clin d'oeil à Tigrounette. Des hommes, il y en a beaucoup ici, et certains sont même très bien. Il fallait sauter sur l'occasion.

Tigrounette sourit.

En fait, j'ai un soucis de subordination. Je ne supporte pas de recevoir des ordres.
J'étais Colonelle. Ce ne sont pas les généraux qui m'ont nommée ainsi, mais les soldats. Autant te dire que les supérieurs n'ont pas apprécié. Et comme je devenais trop dangereuse ...

Ils ont tué mon frère en me faisant passer pour l'assassin. Seuls mes soldats m'ont suivis. Nous sommes venus en France, ou je me suis engagée dans l'OST, et ou nous avons découvert la soule, avec mes hommes. Ils ont beaucoup apprécié. Mais ma Reine m'a demandé de revenir.

Pour une fois, j'ai obéis, mais ce n'était pas à la bonne personne. Le Sergent Misstello m'a ordonné de rester, ce que j'ai fais. J'ai renvoyé mes soldats chez eux en espérant qu'ils ne seront pas jugés déserteurs, mais malheureusement, la Reine m'en veut beaucoup. Je suis donc officiellement condamnée à mort, moi, le plus grand Colonelle de l'armée anglaise, la plus fine fleur de l'aristocratie ! ^^

Au souvenir de son comportement en tant que "bourgeoise", Tigrounette éclate de rire.

Rodrielle eut un petit rire. Elle imaginait bien la scène et trouvait cette situation assez comique. La Haute société a toujours été comme cela, une paire d'ordres à donner sans que l'on ait à poser de questions. Obéir encore et toujours.

Je pense que j'aurais fait la même chose à ta place. Je déteste recevoir des ordres aussi. C'est pour ca que je ne suis plus à l'OST et que je travaille "à mon compte". Enfin travaillais, je vais devoir réduire mes déplacements bientôt.

Mais je t'admire beaucoup Tigrounette ! Défier les ordres de la Reine en personne, chapeaux ! Respect même !

La donzelle éclata de rire et passa une main dans ses cheveux bouclés bruns. Elle retourna ensuite son regard amusé vers la demoiselle

Si un jour tu es pourchassé, ou si tu as besoin d'un coup de main, je me ferai un plaisir de t'aider ! J'ai un stock d'armes assez important chez moi...

Tigrounette rit, appréciant les compliments de Rodrielle. Cette jeune femme était vraiment admirable.

Je te remercie. J'espère ne pas avoir à en arriver là, quand meme.
Je préfère te voir t'occuper de ton enfant que te battre !

Tu comptes rester là encore longtemps ? Je pense passer un peu à la taverne ce soir. Ça te dirait de venir ?

Rodrielle sourit tendrement. S'occuper de l'enfant... Il allait falloir tout réapprendre, et mettre toutes ses activités de côté.

Tu sais, je crois que me battre est en moi. Je n'arriverai pas à vivre sans. C'est mon plaisir, d'une certaine façon...

La donzelle soupira. Ca, c'était du plaisir. Oter la vie d'inconnus... Se battre pour rien... Ou plutôt pour prouver que même une femme peut venir à bout du plus coriace des hommes... Cette soif de vengeance, de sang...

Tigrounette la fit alors revenir à elle par une question.

Non, après je pars pour Langres. Je vais jusque Autun avec mon compagnon pour retrouver une amie. Nous revenons la semaine prochaine.

Tigrounette posa doucement sa main sur l'avant bras de Rodrielle.

Je sais que tu y arriveras. Tu seras une très bonne maman. J'en suis sure.

Elle regarda le ciel, pensive, et sourit à Rodrielle.

Je te souhaite un bon voyage alors. Profite en pour te reposer ! Tu as des cernes gigantesques ! ^^

La donzelle éclata alors d'un rire cristalin et serra Tigrounette dans ses bras avant de répondre en lachant son étreinte.

Oui tu as raison, à force de tracas, mes nuits sont mouvementées. Sans compter mon vieux loup qui lui aussi se retrouve une compagne... Tu savais qu'il y avais une meute dans cette forêt ?

Tigrounette ouvrit des yeux, surprise.

Non je l'ignorais. Mais c'est vrai que je n'ai pas eu l'occasion de me promener avec mon cheval ces temps ci. Bah, avec de la chance j'en verrais ! ^^

La dernière fois que j'en ai vu, ils voulaient plutot me manger. Heureusement que mon Carnassier était là. C'est uniquement après ce moment ou il m'a sauvée qu'il m'a autorisée à le monter ! ^^ Mais jamais je n'aurais pensé qu'un cheval pouvait gouter du sang ! Shocked

Les nuits froides s'enchaine mais ne se ressemble pas. Ainsi était la conclusion de Yuke face à cette scène émouvante et apaisante . Dans l'ombre des arbres allongé sur la branche d'un vieux chêne la même fleur pourpre à la main il écouta chaque récit avec beaucoup d'intention.
Vieux souvenir qui perturbe nos cœurs et nos âmes qui reviennent sans cesse pour nous montrer à quel point le monde change autour de nous et que les ténèbres ne sont jamais loin de nous.
Il n'avait pu garder Azurine en vie alors qu'il l'avait promis à Rodrielle, une promesse brisé qui l'avait plongé à l'époque plus loin dans ses retranchements. La vie avait pourtant bien changé depuis.
Amoureux fou d'une femme formidable, Maire de la belle Joinville , au fur et à mesure des choses il était redevenu un homme comblé de bonheur et pourtant malgré son bonheur personnel il continuait de veiller sur les autres.
Chaque personnes entrant dans ce village devait se sentir à l'aise et être heureux. Bien entendu il n'était pas seul pour cela mais il y a contribué et en est fier .

Regardant vers Rodrielle et la jeune femme dont malheureusement le nom lui échappé il fit un sourire en coin. Le vent se levant doucement alors il vit un pétale de sa fleur lui échapper et s'envoler vers les demoiselles. Suivant le pétales du regard par la malchance qui le poursuivait parfois celui-ci vint tout doucement se poser sur le marbre blanc.

Il fixa les deux jeunes femmes sentant que cette fois il ne pourrait peu être pas rester dans l'ombre pour les protéger .

Alors que le silence s'était installé, laissant les deux femmes songeuses et détendues, Tigrounette regarda un pétale venir se poser doucement sur la tombe. Un signe ? Elle le prit dans sa main, tout doucement, pour venir le caresser du bout du doigt, dans sa paume.

Quelques instants passèrent, puis elle tourna la tête en direction de l'endroit d'où, pensait-elle, était venu ce pétale. Elle constata d'abord qu'il n'y avait personne, et pourtant un pétale ne se promène pas tout seul ! Puis, en plissant les yeux, elle remarqua ... Quelqu'un. Instinctivement, elle posa la main sur le pommeau de son épée, s'approchant doucement, sur le qui vive, et héla l'individu, la tête penchée sur le coté, un air moqueur dans les yeux, et un sourire provocateur aux lèvres.

Hé bien Messire ! Avez vous quelque chose à vous reprocher, que vous restiez ainsi à nous espionner ? Je pense détenir quelque chose qui vous appartient ! Viendrez vous le chercher, ou faudra-t-il que je vous l'apporte moi-même ?

Rodrielle était enfouie dans ses pensées, perdue entre la hâte d'avoir cet enfant et la tristesse de ne plus avoir ses deux trésors à ses cotés. Elle revivait sans arrêt les moments de bonheur en famille, et sans le savoir un sourire et une larme se formèrent sur son visage.

Puis Tigrounette la sortit de sa rêverie lorsqu'elle commença à parler toute seule. Enfin, pas vraiment seule quand Rodrielle comprit qu'il y avait quelqu'un en haut d'un arbre.

La donzelle leva alors la tête et aperçu Yuke, appuyé contre le tron à les regarder sans rien dire. Il avait surement tout entendu. Soit ! La donzelle sourit et laissa Tigrounette faire.

Tiens tiens... L'ange a finalement décidé de se montrer...

Yuke regarda la jeune femme dont le nom lui échappé s'approcher la main sur le pommeau de son épée et fit un sourire moqueur. Ne disant rien il la regarda de haut en bas puis détourna son regard vers Rodrielle et la salua en ne bougeant que deux de ses doigts.

Voyant la jeune femme s'approchait de plus en plus il dit tout bas

Saviez vous que même les ombres possédaient une ombre? Il est bien rare que l'on puisse les voir et pourtant c'est elles qui nous trahissent...n'est ce pas Tobi...

Yuke jeta son regard au pied de l'arbre et vit son labrador adulte courir vers la jeune femme et la mettre à terre avant de lui lécher le visage puis va doucement s'allonger près de Rodrielle allant demander des caresses.

Il se mit à rire toujours allongé sur sa branche regardant la pauvre jeune femme recouverte de bave et lui fit un sourire

Si je vous voulait le moindre mal...je pense que vous avez compris que vous seriez déjà morte.

Son regard dériva vers Rodrielle

Et ce n'est pas le lieu pour sortir une arme...le sang a assez coulé près d'Azurine...

Regardant les deux jeunes femmes il faisait tournoyer sa fleur pourpre entre ses doigt

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