La chambre de Rodrielle

Avec un lit deux places (et des draps de soie rapportés de Paris), deux tables de chevets de chaque coté et une grande armoire à glace (nouvelle mode paraissait-il).

Tout pour passer une bonne nuit

~ Octobre 1457, un soir, porte d'entrée qui claque, course dans les escaliers... ~

...Et colère éclatée. Comment avaient-ils pu dire des choses pareil ? Comment osaient-ils lui dire cela, à elle ?! Une soirée en taverne qui se termine mal, dans les pleurs... Mais pas les siens. Compagnon trop sensible à son goût, surtout ce soir là. Jamais, mais alors jamais, elle n'aurait cru s'être fourrée dans telle situation. C'pourtant pas difficile à comprendre ! non ?! Ah mais si, c'est compliqué ! Ici, personne ne peut la comprendre, se mettre à sa place... Personne pour chercher à comprendre comment elle vit sa vie, comment elle veut la mener !

C'est vrai, avoir une assassin comme compagne et mère c'est pas facile à vivre... mais bon sang ! Ils n'ont pas encore compris qu'il ne fallait pas l'en empêcher !

Ne pas partir pour Gabriel, rester pour Gabriel, ne pas oublier son fils... Rha oui elle l'a bien entendu... Et alors ?! Elle n'allait pas rester pour autant... Sur le coup, oui elle l'avait oublié ce môme qu'elle n'avait pas souhaitait, qui restait un "accident". Mais elle l'accepte, elle l'aime quand même, à sa façon. Et oui, elle n'est pas la mère idéale, loin de là... Et s'ils -s'il !- savaient ! Pire que tout la donzelle... "Instinct quand tu nous tiens"... La Veuve noire dans toute sa splendeur... Se délecter des hommes et de leur faiblesse pour mieux les réduire à néant. C'était ca le plaisir !

La porte de la chambre claqua, comme la porte d'entrée quelques secondes auparavant. Elle ne savait même pas si Dinaro la suivait derrière avec Gabriel, et pour l'instant, elle n'en n'avait cure. Elle attrapa ses "baluchons" et commença à les remplir. Ses gestes étaient pressés, signe de son énervement. Autre signe : ses yeux sombres au lieu des beaux émeraudes habituels. Ils voulaient voir sa face cachée ? Et bien ils avaient tous gagné ! Plus de pitié, plus de gentillesse... Trop tard ! Ils avaient essayé de la retenir ? Elle partirait plus tôt ! De toute façon, elle était attendue... Et ce n'est pas Joinville qui la retiendra, ah ca non !

Cri strident. C'en était trop, voilà ! La donzelle jeta sa dernière robe sur le lit et tapa du poing dans le mur. Apogée de la crise de nerf... A en oublier la douleur qui commençait à la lancer à ses phalanges. La donzelle alla jusqu'à la fenêtre et regarda la forêt qui s'y dessinait. Son cœur battait à tout rompre, et ses veines palpitaient le long de son cou...

Instinctivement, elle jouait avec la bague que lui avait donné le Colosse. Le serpent et le crâne... Zoko ad Eternam... Elle avait signé, elle suivait, quoique les autres pensent. Personne ne lui avait dit les bons mots même s'ils n'auraient rien changé à sa décision prise depuis des semaines... La même erreur, le même "abandon", l'oubli de ses obligations de mère... "T'en as déjà perdu trois, Rodrielle, ne va pas faire la même chose avec le petit"... 'Lui restait un soupçon de conscience tout de même... Ils ont de la chance, les autres... Mais trop infime pour réprimer son envie.

Se battre, tuer, arracher des vies, risquer la sienne, sentir la mort derrière soi à tout moment... Et ne rien regretter.

Sourire machiavélique

Rodrielle retourne à son paquetage. Elle partait bientôt, quoiqu'il en coute, que Dinaro la suive ou non. Pourtant, elle ne voulait juste pas risquer leur vie. Pour l'enfant ? Une nourrice suffisait ! Et du lait de vache allait-il lui faire du mal ? Sûrement pas... Et puis elle partait pour peu de temps ! Juste le temps d'une remise en forme... totale...

Ouverture de la commode de la belle, clef toujours cachée sur elle. Trop précieux ce qu'il y a à l'intérieur... D'ailleurs, elle les amène avec elle, même si son sabre et sa dague son toujours attachée à sa taille... Stylet, cimeterre, et le "petit plus" : une lame aiguisée attachée à un bracelet... On la porte sur l'avant bras, et au cas où l'ennemi s'approche trop, HOP ! Coup de lame sous la gorge et on n'en parle plus !

Exaltation

Sous la préparation de toutes ces affaires, la donzelle a reprit son calme. Son coeur a ralentit, et son sourire mauvais reste gravé sur son visage pâle. Ses émeraudes sont toujours sombres, à présent affamés... Elle redescend lentement, baluchons sur les épaules, et se dirige vers l'écurie pour arnacher Eole...

C'est l'heure de la chasse !

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